Lors d’une réunion extraordinaire des instances représentatives du personnel français du Groupe pharmaceutique américain Bristol Myers Squibb (BMS) réuni ce jour, les représentants des salariés ont été informés que la filiale UPSA spécialisée dans la production de paracétamol, allait être vendue au Laboratoire Japonais TAISHO et les salariés transférés au sein de cette même société. Sont donc concernés, les usines de production d’Agen (1300 salariés sur les sites nommés Guyenne et Gascogne), et le siège social de Rueil Malmaison (250 salariés) qui inclut la promotion des produits UPSA, et les fonctions supports (informatique, ressources humaines, comptabilité…). Avec cette opération qui devrait être finalisée au premier trimestre 2019, BMS se désengage de ses derniers sites industriels français.

Depuis l’annonce de cette cession, les salariés sont inquiets pour leur avenir. En effet, le portefeuille de produits UPSA ne comprend que des médicaments matures comme le paracétamol (principal produit), auquel Sanofi prend des parts de marché à UPSA à hauteur de 2% par an sur la France. Ce phénomène, se pérennisant depuis environ 15 ans, a fait passer UPSA de leader du marché français à second. Aujourd’hui UPSA représente moins de 30% du marché du paracétamol en France alors que Sanofi avec Doliprane dépasse les 60%. De même, les marchés internationaux ont été délaissés d’un point de vue commercial par BMS liés au fait qu’UPSA ne fait plus partie du plan stratégique de BMS depuis déjà quelques années. Phénomène constaté par le manque d’investissement commercial tant en France qu’à l’international, entraînant une chute de la production des sites industriels. Heureusement l’outil industriel a été maintenu et développé par BMS, avec des investissements tels que de nouveaux laboratoires, des lignes de production, qui permettent aujourd’hui une vente et non une fermeture des usines.

Le laboratoire UPSA est un fleuron industriel français, qui fabrique des médicaments sous forme sèche et des comprimés effervescents requérant des équipements de haute technologie, et un savoir-faire spécifique et particulier de la part des salariés. Depuis sa création, UPSA est le pionnier des médicaments effervescents.

Actuellement, les sites agenais réalisent essentiellement la fabrication et le conditionnement du Dafalgan, Efferalgan, Aspirine UPSA, Fervex, Citrate de bétaïne et Vitamine C, à hauteur de 300 millions d’unités par an (35 % de la production est destinée à l’international). Il y a quelques années encore, 400 millions d’unités étaient produites à Agen, et de fait, les usines se trouvent actuellement en surcapacité.

Le laboratoire TAISHO est un spécialiste de l’OTC, avec dans son aire actuelle, le segment toux / rhume (PABRON, CONTAC, VICKS racheté à Procter & Gamble dans certains pays d’Asie), la douleur (marques TEMPRA / paracétamol et COUNTERPAIN / crème analgésique rachetées à BMS en 2009 en Asie, FLANAX / naproxène rachetée à Roche en 2014), le digestif (laxatif COLAC, aide à la digestion KAMPO) et les boissons énergisantes à base de taurine (LIPOVITAN).

Ce groupe étant totalement absent d’Europe (de l’Ouest comme de l’Est), il ne compléterait donc pas le maillage européen d’UPSA, mais permettrait de créer un ensemble mondial. TAISHO est très présent au Japon, dans une bonne partie de l’Asie (notamment du Sud-Est : Indonésie, Thaïlande, Philippines, Vietnam…), aux Etats-Unis et au Mexique. Le laboratoire TAISHO n’a aucun circuit de promotion en Europe et ne peut donc pas mettre ses effectifs de circuits de promotion en pharmacie au service des produits UPSA.

TAISHO a des usines uniquement au Japon et en Asie du Sud-Est (dont un ancien site BMS en Indonésie) et il n’y aurait a priori aucune interférence industrielle possible avec l’outil UPSA. Le groupe japonais TAISHO n’a aucune implantation en Europe, il serait donc a priori enclin à s’appuyer au maximum sur les structures d’UPSA tant en France qu’en Europe.

La CFE-CGC s’interroge sur l’avenir d’UPSA au sein de ce nouveau Groupe, mais se veut constructive et positive en considérant que ce changement peut aussi être une chance pour UPSA à condition qu’un plan industriel et commercial d’ambition soit mis en place par le repreneur. Les marchés laissés à l’abandon dans de nombreux pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie par BMS sont de formidables vecteurs de développement que le Laboratoire TAISHO aura à exploiter.

Lors des prochaines réunions du Comité Central, la CFE-CGC restera mobilisée afin que les salariés conservent un statut social au moins identique à celui dont ils bénéficient chez BMS. De même, ils auront à cœur de s’assurer à ce qu’une stratégie soit déployée par TAISHO, visant à préserver et développer ce fleuron industriel français