Les partenaires sociaux entament ce jeudi trois mois de difficiles négociations sur la réforme des retraites de 2023, les syndicats demandant l'abrogation du relèvement à 64 ans de l'âge de départ, tandis que le gouvernement exige un retour à l'équilibre financier du système dès 2030.
Ce jeudi commence trois mois de négociations pour "améliorer" la réforme des retraites très impopulaire de 2023. Les syndicats et le patronat doivent se voir une à deux fois par semaine jusqu’à l’aboutissement du conclave, prévu début juin.
Après avoir initialement demandé aux négociateurs de ne pas "dégrader" cet équilibre, François Bayrou a envoyé mercredi soir aux dirigeants des organisations patronales et syndicales une lettre leur demandant de "rétablir l'équilibre financier de notre système de retraites à un horizon proche" avec un "objectif à l'année 2030". Et si la consigne est de ne pas interférer dans les négociations, les membres du gouvernement trépignent.
"Si c'est comme ça pendant trois mois, ça ne va pas bien se passer"
Ce conclave inquiète les ministres qui s'affranchissent de la consigne. "La France n'a pas les moyens d'abroger les 64 ans", lâche le ministre de l'Économie, Éric Lombard. "Ce serait une grave erreur", abonde Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, souhaite que les Français travaillent plus longtemps.
Des chiffons rouges pour les syndicats. "Si c'est comme ça pendant trois mois, ça ne va pas bien se passer. C'est quand même le relais des positions patronales", affirme Christelle Thieffinne, secrétaire national de la CFE-CGC. La Cour des comptes a évalué la semaine dernière, dans un rapport qui doit servir de base aux discussions, que le déficit du système de retraites devrait atteindre 6,6 milliards d'euros en 2025, et se "stabiliser" jusqu'en 2030 avant de se creuser davantage.
Équilibrer les régimes de retraite
Le gouvernement a aussi changé l'objectif puisqu'il s'agit d'équilibrer les régimes de retraite lestés par 7 milliards d'euros de déficit et non plus de ne pas dégrader les finances du système. De quoi compliquer la mission du conclave, dont l'organisation visait surtout à éviter la censure selon le politologue Benjamin Morin. "Promettre un conclave suite à un projet de loi, c'était une façon de faire passer les budgets, de désamorcer une partie des tensions politiques, mais ça ne permettait que de les reporter", analyse-t-il.
Source : europe1.fr