1/ QUEL EST LE POINT DE DÉPART DES ÉVÉNEMENTS ?
Lors du comité social et économique (CSE) ordinaire mensuel du 20 juin 2023, la direction de la Papeterie de Condat a indiqué aux représentants du personnel qu’elle lançait une réorganisation impliquant la fermeture de la ligne de production numéro 4. Celle-ci fabrique du papier couché utilisé pour l’impression-écriture, par exemple pour des dépliants publicitaires, encarts, affiches, couverture de magazines, bande-dessinée, plaquettes de communication... Le même jour, la direction remettait les 3 livres du PSE. « On a su alors que 226 postes seraient supprimés sur 432 salariés et que cela engendrerait à peu près 187 licenciements économiques », commente Florence Gracia-Gil, déléguée syndicale CFE-CGC et élue titulaire du collège cadre au CSE. Le rendez-vous suivant devait avoir lieu le 28 juin, mais le suicide d’un salarié du comité d’entreprise le jour de la R1 (ouverture du PSE) a entraîné son report au 11 juillet.
2/ QUEL EST LE SITE INDUSTRIEL CONCERNÉ ?
La Papeterie de Condat se situe sur la commune du Lardin-Saint-Lazare (1 700 habitants), située entre Brive et Périgueux, à côté du village de Condat-sur-Vézère (Dordogne). Centenaire, créée en 1907, elle s’étend sur une trentaine d’hectares et a commencé historiquement comme usine de fabrication d’extraits tannants pour l’industrie du cuir. La première machine à papier sur le site date de 1931. Fin 1991, l’entité salariait 1 200 personnes dont une cinquantaine à Paris. La machine à papier n° 4 date de 1962 mais elle a subi de nombreuses modifications et remplacements au cours du temps avec notamment, en 1999, l’installation d’une nouvelle coucheuse qui est encore aujourd’hui la plus moderne d’Europe en couchage 4 têtes.
« Il s’agit de toute une ligne de production qui fait le papier support et le traite, après couchage et autres étapes, jusqu’à l’atelier de transformation qui découpe les bobines en feuilles », explique Philippe Magne, élu titulaire CFE-CGC au CSE pour le collège techniciens et agents de maitrise (TAM). C’est cette ligne qui est menacée de fermeture. La ligne 8, qui produit du papier de spécialité utilisé principalement en support d’étiquettes, n’est pas concernée à ce stade, du moins officiellement. Au fil des ans, la papeterie a appartenu à Rhône Poulenc, à Saint-Gobain et au groupe Smurfit avant d’être revendue à Lecta, son actionnaire actuel, en novembre 1998. Lecta, dont l’entité opérationnelle espagnole siège à Barcelone, contrôlée par des fonds de pension, compte aussi une usine à Garda (Italie) et cinq en Espagne sous le nom de Torraspapel.
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Conseil national de la refondation, loi retraites, négociations Agirc-Arrco et assurance chômage, corpus syndical de la CFE-CGC, élections CSE… Président confédéral, François Hommeril passe en revue la riche actualité de la rentrée sociale.
Emmanuel Macron réunit ce jeudi le Conseil national de la refondation (CNR). Pourquoi la CFE-CGC n’y participe pas ?
Quand j’ai reçu l’invitation, mon premier réflexe a été de me dire : « On va voir… puisque le contexte est différent… ». Puis à la réflexion, je suis arrivé à la conclusion que cette réunion n’avait pas plus d’intérêt que les précédentes. C’est la troisième réunion du CNR convoquée par le président de la République et les mêmes raisons produisent les mêmes effets. Tout cela est de l’écran de fumée et, outre que cette captation de l’acronyme du Conseil national de la résistance est grossière, cela ne nous intéresse pas d’être sur la photo imaginée par les communicants de l’Élysée. Je ne vois pas ce qu’il y a de nouveau qui permettrait de valider notre participation à ce non-événement, d’autant que par ailleurs, une conférence sociale est prévue à laquelle nous allons participer de manière extrêmement dynamique pour y peser de tout notre poids.
Au gré de la publication au compte-goutte des décrets d’application, la loi retraites est entrée en vigueur depuis le 1er septembre. Que peut-on en dire ?
Il se passe malheureusement tout ce que l’on avait prévu et cela nous est confirmé par nos délégués syndicaux et administrateurs dans les organismes de Sécurité sociale. Le fait que l’exécutif ait choisi comme véhicule législatif un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFSS) qui impose une mise en œuvre de la loi dès l’année où elle est promulguée - fait unique dans l’histoire des réformes des retraites - conduit à de sérieuses difficultés. Cela occasionne un énorme travail, de la souffrance et des démissions chez les personnels des CARSAT et de la CNAV. On fait lanterner les retraitables à qui on ne répond pas ou mal aux interrogations, par exemple concernant la clause de sauvegarde permettant à certains assurés, nés entre septembre 1961 et fin 1963, de continuer à bénéficier des anciennes règles pour les départs anticipés pour carrières longues. En l’état, il n’y a pas toutes les garanties que soient appliqués les droits attachés aux personnes (environ 800 000 départs à la retraite par an).
La séquence retraites, avec l’adhésion très majoritaire de la population à nos actions, a généré un regain d’intérêt et d’adhésion au syndicalisme »
Après une crise sociale historique, quels débouchés désormais pour l’intersyndicale, outre la prochaine mobilisation du 13 octobre ?
Notre volonté commune est de maintenir cette intersyndicale retraite qui représente quelque chose d’important et de symbolique, un bien qui nous est propre quand bien même elle s’épuisera au fil du temps et que chaque organisation conservera toute sa liberté à exprimer ses analyses et revendications. Le fonctionnement de l’intersyndicale et le rapport de force instauré nous a permis d’atteindre un haut niveau de maturité et d’intelligence collective, de mieux travailler en amont les dossiers sociaux. La séquence retraites, avec l’adhésion très majoritaire de la population à nos actions, a généré un regain d’intérêt et d’adhésion au syndicalisme. Il s’agit de ne pas décevoir ces millions de gens qui nous ont fait confiance. Raison pour laquelle notre dernier communiqué met en avant les priorités que sont les salaires, le pouvoir d’achat et le partage de la valeur. Ces sujets sont liés aux retraites dans la mesure où la problématique n’est pas celle des dépenses, maitrisées à long terme dans toutes les prévisions, mais celle des ressources, menacées par les politiques publiques et par la baisse de la part des salaires dans le PIB.
Comment se passent vos échanges avec les nouvelles leaders de la CGT et de la CFDT ?
Sophie Binet et Marylise Léon sont des personnalités qui par leur parcours et leur charisme donnent une bonne image du syndicalisme. Indépendamment des personnes, il s’agit, en toutes circonstances, de respecter ses interlocuteurs et les organisations qu’il y a derrière, notamment la cohorte de militants engagés et sincères – comme ceux de la CFE-CGC.
Du côté de Patrick Martin, nouveau président du Medef, peut-on espérer un infléchissement ?
Ce qui est important, c’est de savoir quel est le mandat de Patrick Martin. Si c’est de réclamer en permanence des aides gouvernementales et la baisse des cotisations sociales, il n’y aura pas grand-chose de nouveau. Si en revanche, il veut avec nous recréer du dialogue, de la construction, de la norme, faire cause commune pour un paritarisme utile et essayer d’endiguer la marche en avant de ce gouvernement qui a tendance à tout détruire partout où il passe, alors nous travaillerons ensemble. Mais j’attends de voir.
Les organisations syndicales et patronales représentatives ont débuté le 5 septembre une négociation sur l’Agirc-Arrco, le régime de retraite complémentaire des salariés. Quels en sont les enjeux ?
Il s’agit de définir les orientations stratégiques de l’instance paritaire pour les 4 ans à venir, notamment les valeurs d’achat et de service du point. Sur le bonus-malus, nous devons décider du maintien ou de la suppression des coefficients majorants et minorants, un mécanisme entré en vigueur en 2019. Après la réforme des retraites, la CFE-CGC et l’ensemble des organisations syndicales veulent faire disparaître rapidement cette décote, qui n’a plus lieu d’être (ndlr : une décote provisoire de 10 % pendant 3 ans est actuellement appliquée à la pension complémentaire dans le cas d’un départ en retraite à l’âge du taux plein). La négociation s’annonce pointue car la partie patronale va vouloir diminuer les cotisations quand l’État, de son côté, souhaiterait capter tout ou partie des réserves du régime (ndlr : près de 70 milliards d’euros). Une baisse des cotisations patronales constituerait pour nous une ligne rouge absolue.
Les partenaires sociaux vont négocier une nouvelle convention d’assurance chômage sur les règles qui s'appliqueront au 1er janvier 2024. Qu’en est-il de la lettre de cadrage gouvernemental ?
En fait, il n’y a aucune marge de manœuvre et je suis très déçu, même un peu amer, parce que je considère que Matignon et le ministère du Travail ont trahi leur parole. Autant en bilatérales qu’en multilatérales, ils nous avaient, non pas promis, mais indiqué qu’ils nous laisseraient relativement libres pour négocier les voies et les conditions de la nouvelle convention d’assurance chômage. Et puis, en fait, rien n’a changé : la lettre de cadrage est extrêmement contraignante, ce qui n’aide pas à la négociation.
La dégressivité des allocations chômage est une mesure populiste, volontairement discriminatoire et totalement inefficace »
Il avait été question d’une évolution possible sur la dégressivité des allocations, combattue de longue date par la CFE-CGC. Qu’en est-il ?
À ce stade, et c’est insupportable pour nous, l’exécutif continue de vouloir imposer cette dégressivité à ceux qui financent le plus la solidarité du régime, c’est-à-dire principalement les cadres. Il faut rappeler que s’il existe un dispositif d’assurance-chômage qui permet d’assurer des allocations à ceux qui sont éloignés de l’emploi, c’est parce qu’il est assis sur un principe de solidarité inter-catégorielle qui mobilise 10 milliards d’euros par an collectés sur les salaires des membres de l’encadrement. Dès lors, imposer des conditions de dégressivité à ceux qui sont les plus grands contributeurs nets du régime est inacceptable. C’est une mesure populiste, volontairement discriminatoire et dont il est démontré qu’elle est totalement inefficace.
Quelles sont les priorités de la CFE-CGC en cette rentrée sociale ?
Nous allons continuer à travailler et à appliquer tous les sujets contenus dans notre document militant Restaurer la confiance, le concentré le plus élaboré de notre corpus syndical avec de nombreuses propositions sur tous les champs sociaux-économiques pour faire progresser la société. Nous allons particulièrement travailler la question de l’emploi des seniors en vue d’une prochaine négociation, et je vais moi-même rencontrer beaucoup de nos structures (fédérations, sections). Pour la CFE-CGC, il faut sortir de ce schéma qui fait que les entreprises ne s’intéressent qu’au coût et non à la valeur apportée et produite par les salariés dans leur dernière partie de carrière. L’objectif de se séparer bêtement et automatiquement des seniors par des plans sociaux et de les faire stationner par Pôle emploi jusqu’à la retraite n’est pas acceptable, ni économiquement ni socialement.
« Grâce à ses sections et ses militants, la CFE-CGC est toujours dans une dynamique positive et en croissance »
2023 marque le renouvellement de très nombreux comités sociaux et économiques (CSE) dans les entreprises. Quelles sont les premières tendances du terrain ?
Nous avons des retours qui nous indiquent que la CFE-CGC est toujours dans une dynamique positive et en croissance. Il faut envoyer un message d’encouragement à toutes les sections et à nos militants pour le formidable travail fait au quotidien. Ce travail n’est pas facile et leur mérite est immense alors même que les moyens mis à disposition des représentants du personnel ont diminué avec les ordonnances Macron. Dans une société qui doute, l’engagement syndical intelligent, comme celui de la CFE-CGC, est une des voies par laquelle on crée des espaces de confiance pour les collègues et pour les militants eux-mêmes.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet et Gilles Lockhart
Source site Confédéral
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Découvrez la dernière vidéo de la CFE-CGC sur le handicap
Avec Christophe Roth Secrétaire national CFE-CGC Accessibilité et égalité des chances
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Salaires : l'un des objectifs de la mobilisation du 13 octobre est de "montrer que l'intersyndicale demeure", estime le patron de la CFE-CGC
L'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU) , qui a mené la bataille contre la réforme des retraites, appelle à la mobilisation le 13 octobre prochain "pour les salaires, l'égalité hommes/femmes et contre l'austérité".
"Tous les syndicats font leur effort pour montrer que l'intersyndicale demeure", a déclaré ce lundi soir sur franceinfo François Hommeril, président de la CFE-CGC, alors que l'intersyndicale, qui a mené la bataille contre la réforme des retraites, appelle à la mobilisation le vendredi 13 octobre "pour les salaires, l'égalité hommes/femmes et contre l'austérité".
>> Réforme des retraites : l’administration est-elle prête ?
"Le sujet des retraites nous occupe encore aujourd'hui", estime François Hommeril, mais "la problématique peut-être la plus importante aujourd'hui, c'est le niveau des salaires". "Le problème est particulièrement vif", selon le syndicaliste, "avec l'inflation très forte, nous avons une baisse tendancielle des salaires dans notre pays".
"Aucune mesure" pour lutter contre l'inflation
"La perte de pouvoir d'achat est réelle, tandis qu'au niveau des profits des entreprises, il n'y a pas eu de baisse, au contraire, les profits explosent", ajoute François Hommeril, évoquant "un scandale absolu que personne ne peut accepter".
Un avis partagé par Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT, également invité lundi soir sur franceinfo. "Au vu des bénéfices réalisés, des aides publiques allouées, toutes les organisations syndicales disent aux patrons : c'est l'heure de partager les richesses."
Thomas Vacheron estime que le gouvernement "n'a pris aucune mesure concrète" pour lutter contre l'inflation. Selon l'Insee, les prix dans l'alimentaire étaient en juillet 12,7% plus élevés qu'un an plus tôt. "Aucune augmentation du point d'indice pour les fonctionnaires, aucune augmentation réelle du Smic. Tout est à faire", déplore le syndicaliste avant d'ajouter : "Parler, c'est bien, mais prendre des mesures, c’est mieux."
Il faut "augmenter le SMIC"
Le secrétaire confédéral de la CGT fait allusion aux propos d'Élisabeth Borne aux Universités d'été du Medef ce lundi. "Certains craignent que les entreprises soient moins soutenues, peut-être davantage taxées. Je le dis et je le redis, il n'en est pas question", a déclaré la Première ministre. Thomas Vacheron ironise par ailleurs sur "les vœux pieux du patronat qui systématiquement, la main sur le cœur, explique qu'ils vont augmenter les salaires, que la question du pouvoir d'achat est importante".
L'intersyndicale appelle donc "à des négociations dans les branches, à augmenter le Smic et le point d'indice. Elles appellent, la CGT en particulier, à indexer les salaires sur les prix", détaille Thomas Vacheron. Il faut selon lui, "conditionner les aides publiques [accordées aux entreprises], les fameux 200 milliards d'euros d'aides fiscales et sociales à l'augmentation des salaires notamment". Le secrétaire confédéral de la CGT explique que la mobilisation du 13 octobre s'inscrit dans "la continuité" des nombreuses manifestations contre la réforme des retraites.
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Encore un site industriel menacé en France ! Site centenaire, papeterie prestigieuse, 226 emplois menacés par un PSE. Avec un actionnaire qui cache son jeu. Mais la mobilisation syndicale, dont les équipes CFE-CGC, pourrait tout changer.
3/ QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES SOCIALES PRÉVISIBLES ?
En plus des licenciements, on estime que le PSE impacterait indirectement 2 500 emplois locaux allant des commerçants aux sous-traitants. « Nous avons des sous-traitants industriels qui sont en permanence sur le site, indique Florence Gracia-Gil : mécanique, déchargement de matières premières et de la pâte à papier, contrôle d’accès, nettoyage… La société SVL Pilote qui gère notre dépôt de papier emploie 70 personnes. Des transporteurs ne travaillent quasiment que pour le site. »
4/ POURQUOI CETTE FERMETURE EST-ELLE INJUSTIFIÉE ?
Sur le fond, Lecta justifie la fermeture de la ligne 4 par une baisse de la demande de papier couché en France et en Europe, ce que la CFE-CGC ne conteste pas. Mais elle estime que ces machines pourraient faire autre chose : papier à base de pâte recyclée pour l’administration, papier alimentaire pour des emballages, sacs en papier, gobelets en papier… « Nous avons développé de nouveaux produits sur le site mais cette production a été transférée sur d’autres sites du groupe », déplore Florence Gracia Gil. Les élus ont « lesentiment qu’on défavorise Condat au profit des autres sites, notamment parce que le système de prise de commandes est centralisé à Barcelone ».
5/ POURQUOI CETTE FERMETURE EST-ELLE UN SCANDALE ?
Lecta a bénéficié d’aides publiques. La région Nouvelle-Aquitaine lui a accordé un prêt de 19 millions d’euros à taux zéro en contrepartie de l’engagement de conserver ses deux lignes de production et 400 salariés sur place. Le Groupe a en outre bénéficié d’une subvention non remboursable de 14 millions d’euros de l’Agence pour la maîtrise de l’énergie (Ademe), sur un investissement de plus de 50 millions, pour la construction d’une chaudière CSR sur le site de Condat. Sans compter le fait que beaucoup de chômage partiel a été payé puisque l’usine est sous accord d’activité partielle de longue durée (APLD) depuis 2019.
6/ OÙ EN EST LE PSE ?
La R1 a eu lieu le 11 juillet (présentation des raisons économiques et financières et des mesures accompagnement). Normalement, la R2 doit avoir lieu le 1er août (présentation des postes supprimées), la R3 en septembre, la R4 début octobre et le PSE se terminer courant octobre. « La direction nous a dit qu’elle "neutralisait" le mois d’août usuellement consacré à la prise de congé puis a annoncé la fermeture totale du site du 11 au 28 août, indique Florence Gracia Gil, ce qui implique qu’en août on ne fera pas de réunions ni de consultations. Or nous sommes une entreprise de plus de 300 salariés, donc le délai légal de négociation d’un PSE est de 3 mois. En pratique, cela ne nous laisserait que 2 mois… Cependant, le calendrier est toujours en cours de négociation. »
7/ COMMENT SE DÉROULE LE COMBAT SYNDICAL SUR PLACE ?
Le CSE est tenu par FO, majoritaire chez les techniciens et agents de maîtrise. La CGT domine chez les ouvriers, la CFE-CGC chez les cadres. « On est ensemble, résume Florence Gracia-Gil, même si on peut se désolidariser de certaines actions. Mais par exemple, on a organisé ensemble une marche entre Condat et Le Lardin-Saint-Lazare qui a rassemblé environ 1 200 personnes le 12 juillet. Je voudrais associer à toutes ces démarches notre collègue Jean-François Sarlat, le plus ancien délégué syndical de la CFE-CGC chez Condat, qui ne peut être présent actuellement. »
8/ QUELLE EST LA MOBILISATION NATIONALE DE LA CFE-CGC ?
Outre les édiles et les parlementaires locaux qui se battant avec l’énergie du désespoir pour sauver leur territoire, les fédérations CFE-CGC ont pris le taureau par les cornes. Fibopa (bois papier), en la personne de son ancien président Yves Heidmann, et Enermine, en la personne de son secrétaire général Gilles Telal, travaillent sur le dossier en lien avec les militants et la Confédération. Ils ont aussi sollicité IndustriAll, l’association de syndicats européens, pour mettre la pression sur Lecta à l’étranger. Côté Confédération, Nicolas Blanc, secrétaire national à la Transition économique, et Marielle Mangeon, déléguée nationale, sont intervenus tous les deux lors d’une visioconférence organisée le 12 juillet avec des représentants de Bercy et du ministère de l’Industrie. Et ce dossier est sur le bureau de François Hommeril, président confédéral, chatouilleux dès qu’il s’agit de désindustrialisation et de délocalisation.
9/ LA RÉUNION DE BERCY A-T-ELLE FAIT AVANCER LES CHOSES ?
« Nous sommes déjà contents qu’elle ait eu lieu assez rapidement, se félicite Florence Gracia-Gil. Les deux ministères nous ont dit qu’ils allaient demander à Lecta pourquoi ils ont décidé de fermer un site en France plutôt qu’en Espagne ou en Italie, sachant que Condat représente la plus grosse capacité de production de papier couché du groupe soit 200 000 à 220 000 tonnes par an. Donc pourquoi répartir la production de papier couché dans trois usines plutôt que la maintenir à Condat ? »
À l’issue de la réunion, la CFE-CGC a acté que les ministères s’engageaient à demander à Lecta quels étaient leurs engagements en termes d’activité et de pérennité du site. Les membres des cabinets ont demandé aux syndicats de leur faire remonter les difficultés, notamment de transparence et de collaboration de la part de la direction du site. Et ils ont promis de faire remonter l’affaire « plus haut » si les choses n’avançaient pas.
10/ QUID DES ÉLUS LOCAUX ?
Une réunion a eu lieu à Périgueux il y a quelques jours entre des représentants de Lecta et de la Papeterie Condat d’une part, le préfet et des élus locaux d’autre part. Réunion dont ces derniers seraient sortis très déçus des réponses données par Lecta. Le conseil régional a écrit au président et au directeur général de Lecta pour leur demander de les rencontrer. Il manque clairement de la transparence de la part de Lecta sur le sort qu’il compte donner au site à terme. Une production de nouveaux produits sur la ligne 4, en complément du papier couché, pourrait être envisagée, même sans investissements conséquents. Cela permettrait par exemple de répondre aux souhaits des pouvoirs publics de « sortir du tout plastique ».
Les élus attendent que l’État français joigne les actes à la parole puisqu’il est question de réindustrialiser le pays : maintenir le savoir-faire de Condat en serait une belle illustration.
Source CFE-CGC (site Confédéral)
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Pour un ménage se chauffant à l’électricité, la hausse atteindrait en moyenne 160 euros par an, selon le gouvernement.
C’est une conséquence attendue mais douloureuse de la fin progressive du bouclier tarifaire d’ores et déjà annoncée par l’exécutif. Les Français vont devoir faire face à une hausse de 10 % des prix de l’électricité, et ce, dès le 1er août, ont conjointement confirmé les ministères de l’Économie et de la Transition énergétique, mardi matin.
Cette hausse concernera avant tout l’ensemble des ménages français, mais aussi les petites entreprises (petits commerces, artisans), «raccordés à un compteur d'une puissance jusqu'à 36 kilovoltampères», ont précisé les cabinets des ministres. Concrètement, pour un ménage se chauffant à l’électricité, «avant la hausse, la facture était de l’ordre de 1640 euros par an. Après la hausse, elle sera à 1800 euros», soit une augmentation de 160 euros en moyenne, calcule le gouvernement.
De fait, conformément au code de l'énergie, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) calcule l'évolution théorique des tarifs réglementés de vente d'électricité (TRVE), ayant vocation à s'appliquer au 1er août 2023. Une augmentation qui se situe désormais à 74,5% TTC au-dessus des tarifs gelés actuellement en vigueur. C’est dans ce contexte que le gouvernement a décidé de «s’écarter de la proposition de la CRE», «en retenant une hausse moins élevée». Et ce, afin de «continuer à assurer la protection des consommateurs» grâce au bouclier tarifaire.
Ainsi, s’en tenir à une hausse du 10% au 1er août, revient à dire que «le bouclier tarifaire continuera de s’appliquer», en prenant «en charge plus du tiers de leur facture». Soit environ 37% de leurs dépenses d’électricité, contre 43% aujourd’hui. «Le gouvernement continue de protéger les Français et réajuste les tarifs légèrement à la hausse, tout en leur garantissant de bénéficier des tarifs les plus bas en Europe», explique les conseillers techniques, graphique à l’appuPar ailleurs, lundi soir, le gouvernement a saisi le Conseil supérieur de l'énergie (CSE) sur les tarifs réglementés de vente de l'électricité. Une saisine qui permet «d’avoir un débat de fond» sur le sujet, selon le gouvernement. Sachant que le CSE est une «instance de concertation du ministère chargé de l'énergie» - qui «représente l'ensemble des parties prenantes du système énergétique, aussi bien les associations de consommateurs, les organisations syndicales, les principales entreprises productrices ou consommatrices d'énergie» - «devant laquelle tous les textes doivent passer». Permettant éventuellement de les amender afin d’obtenir son avis sur la hausse prochaine des prix. Reste que celle-ci a été fortement contenue par les dispositifs mis en place par le gouvernement : d'après des estimations de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les prix de l'électricité auraient bondi de 35% en 2022 et de 100% en 2023 sans le bouclier tarifaire.
Bien que brutale, cette augmentation était prévue, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ayant déjà annoncé fin avril une sortie progressive du bouclier tarifaire sur l’électricité mais aussi sur le gaz d’ici à début 2025. La sortie de ces dispositifs se fera toutefois progressivement, et de manière encadrée, avait précisé le ministre, «pour ne pas inquiéter nos compatriotes». Ces annonces vont de pair avec la volonté de l'exécutif de serrer la vis sur les comptes publics, afin de réduire tant bien que mal une dette publique frôlant les 3000 milliards d'euros. «C'est l'heure de remettre les comptes d'équerre», avait notamment défendu le ministre de l'Économie.
Plus récemment, le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal avait à son tour confirmé lors d'une interview sur RTL que le gouvernement mettrait «progressivement» un terme, d'ici fin 2024 au bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie instauré pour lutter contre l'inflation, levant le doute sur son éventuelle prolongation en 2025. «Dès lors qu'on doit faire des économies, il faut notamment sortir des dispositifs spécifiques qu'on a mis en place pendant la crise de l'inflation», «ça veut dire qu'on va devoir sortir progressivement du bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie», avait-il notamment indiqué.
Pour le gouvernement, cela pourrait représenter près de 14 milliards d'euros d'économies, auxquels s'ajoute aussi la fin du guichet d'accompagnement pour les entreprises très consommatrices d'énergies. Et ce, dans un contexte où ces mesures ont déjà coûté très cher : le coût du bouclier énergétique pour les ménages, les collectivités et les entreprises avait été évalué, à la fin de l'an dernier, à 110 milliards d'euros entre 2021 et 2023.
Source : LE FIGARO